Sont-ils mieux organisés ?

Le compte-rendu du conseil d’administration de la CIPAV du 4 novembre 2015 comporte quelques informations qui devraient intéresser les affiliés et aussi éveiller leur vigilance.

Le conseil s’est tenu juste après la sortie des articles des Echos et du Parisien, donnant un large écho (surtout ce dernier) aux mécontentements fondés des affiliés. La direction s’est donc fendue d’un communiqué destiné à (r)assurer l’opinion et les tutelles de ce que la Caisse était sur la bonne voie de résorption de ses dysfonctionnements. Le communiqué, mais plus encore le compte-rendu du CA détaillent ces améliorations, sur lesquelles la direction dispose d’ « indicateurs qui le prouvent de manière objective et irréfutable ».
Pour l’usager lambda, et plus encore pour l’écoutant bénévole des inextricables difficultés dans lesquelles se débattent, encore en ce début d’année 2016, les affiliés, il est permis d’en douter.

Dans une inimitable langue de caoutchouc, la cipav annonce qu’elle est en passe de résorber son retard de courrier : « Les stocks de courriers à indexer pour la CIPAV sont désormais résiduels (…) maintenus à un niveau frictionnel depuis le mois de juillet, ce qui fluidifie leur transmission pour traitement vers les services du back office ».

Bravo ! les courriers ne font donc plus corbeille restante au standard, ils sont acheminés vers les services destinataires, super !

  • Quelles garanties avons-nous que le retard de réponse n’est pas tout simplement reporté sur lesdits services ? au vu des nombreux courriers sans réponse dont font toujours état en ce début 2016 nos interlocuteurs, on peut se le demander  …
  • Surtout, cet « indicateur objectif » n’indique en rien la qualité des réponses données aux affiliés dans ces courriers. Or, de nombreux assurés témoignent, encore et toujours, de réceptions de courriers qui se contredisent l’un l’autre, de courriers qui ne répondent pas aux questions posées, qui ne tiennent pas compte des informations, ni des rectifications fournies par écrit par les assurés etc.

Autre information cruciale, la CIPAV signale une « importante opération d’envoi de contraintes » : 19 000 Mises en demeures envoyées en 2015, pour clôturer les années 2012, 2013, 2014. Il faut préciser en effet que 1571 millions d’euros restent à recouvrer, tous exercices confondus, dont 932 millions de cotisations taxées d’office. 1 milliard 571 millions, accumulés au fil des années !!! Ce chiffre à lui seul est un « indicateur objectif et irréfutable » de l’incroyable gâchis qu’est la gestion de la caisse. Mais le déluge de MED et de contraintes, dont un grand nombre sont entachées d’erreurs, s’abat sur la tête des assurés avec leur cortège de conséquences économiques, psychologiques et sociales. Les indicateurs sont saufs, la simple humanité un peu moins …

Enfin, pour répondre au téléphone, point noir de la CIPAV, la Caisse annonce qu’elle vient de sous-traiter des plates-formes téléphoniques à la Mutualité Sociale Agricole – la MSA. La première mise en service est au Puy en Velay, à partir du 1er décembre 2015.

Là encore, il est permis de mettre en doute le bien fondé d’une telle mesure au regard des intérêts des assurés :

  • La MSA n’est pas spécialement connue pour son efficacité, à en juger par les réclamations récurrentes de ses adhérents, ce qu’on pourra vérifier en cliquant sur ce lien http://www.coordinationrurale.fr/dysfonctionnement-de-la-msa-la-cr30-rencontre-le-president-et-le-directeur.html. Il faudra d’ailleurs commencer par former ses agents, aux dires de Mr Selmati lui-même.
  • La Cipav est-elle en sous-effectif tel que cela justifie cette sous-traitance ? Au regard du rapport de la Cour des Compte de 2014, il est permis d’en douter. La Cour notait que les effectifs avaient augmenté de 77% entre 2004 et 2011, « un accroissement nettement supérieur à celui de la population assurée », tandis que la productivité se dégradait. Celle-ci était particulièrement faible sur la plate-forme téléphonique : « les téléconseillers des deux plateformes téléphoniques, l’une réservée aux cotisants (seize agents), l’autre aux pensionnés (quatre personnes), ne parviennent à traiter qu’un appel sur quatre en dépit du nombre moyen limité de sollicitations par agent : 45 environ par jour, d’une durée à peine supérieure à cinq minutes » !!! Les travailleurs indépendants que nous sommes, habitués à faire mille choses à la fois dans la même journée, apprécieront …

Quant à la MSA du Puy en Velay, elle est en sureffectif, indique le compte-rendu du CA. Et c’est pour cela d’ailleurs qu’on commence par elle. Est-ce là le motif réel de cette décision ? ? Quel intérêt pour les adhérents de la CIPAV de venir au secours de la MSA – à leurs frais  ? Montant estimé de l’opération : 750 000 € sur un an ! 

La direction doit prouver que cette décision est prise dans l’intérêt des affiliés et l’évaluation qualitative, quantitative et financière de la mise en œuvre doit être faite en toute transparence et indépendance.